De la nécessité de l’inutile, de l’essentialité de la beauté, de la futilité du consumérisme et de la fugacité de la possession.
La quantité de déchets inutiles que nous jetons m’a toujours impressionnée, mais plus que l’abondance de ce qui est mis au rebut, j’ai cherché à explorer la disparition des choses.
Pour cette série, j’ai répertorié pendant une semaine, jour après jour, tout ce que j’ai jeté. Dans notre société, il y a peu de place pour ce qui n’est pas considéré comme utile ou beau. Tout ce qui pourrait déranger notre regard est volontairement écarté.
À partir de ce constat, je me suis interrogée sur les rapports qui se tissent entre bonheur et consommation. Devons-nous être un consommateur au grand pouvoir d’achat pour revendiquer le fait d’être heureux ? Par ces questionnements, je cherche à évoquer la place qu’occupent les possessions pour nous, et en filigrane les parts de nous-mêmes que nous ne voulons pas voir.
Mes photographies peuvent être vues comme des vanités contemporaines. Elles font référence aux natures mortes des XVIIème et XVIIIème siècles qui instillaient l’idée de futilité de la possession des biens terrestres face à l’inéluctable de la mort.
En travaillant en studio à la chambre, j’ai voulu sortir les déchets de leur contexte et leur redonner une place indépendamment de leur qualité de rebut ; c’est leur nouveau statut qui m’intéresse.